Dame Royaume©Marion Jiranek

Du temps de L’Escalade 🏰 à Genève

Il était une fois en 1602, à Genève ...

Courageux, ces Genevois qui n’hésitèrent pas en cette nuit du 11 décembre 1602, la plus sombre de l’année à sacrifier leur vie pour sauver la cité assiégée. Le premier à trépasser vers la porte de la Monnaie fut François Bousezel, veloutier de son métier. Au passage de la Tertasse, périrent Jean Canal et Nicolas Bogueret, grand bâtisseur de l’époque qui fit notamment la rampe pavée de l’Hôtel de Ville. Ses initiales et celles de son frère Jean sont gravées en haut de cette construction simple et élégante, un émouvant témoignage du passé. Courageuses, ces femmes qui prêtèrent main forte aux hommes sur le front. En véritables héroïnes, elles parcoururent les rues avec hallebardes à la main, ou penchées à leurs fenêtres éclairèrent les Genevois lanternes en bout de bras sans oublier bien sûr la célèbre mère Royaume qui, avec force et détermination, jeta sur l’assaillant la fameuse Marmite de l’Escalade. Ce fut une belle victoire pour les Genevois et une « belle cacade » pour les ennemis !

Laborieuse, la vie des femmes en 1602, l’héroïne de l’une des plus sombres nuits de l’année, Dame Royaume, aurait pu en témoigner, elle qui donna naissance à quatorze enfants. Rien d’étonnant à cette époque, car, combien vont vivre et atteindre l’âge adulte ? Elle ne verra « disparaître avant elle que quatre ou cinq », ce qui n’est quand même pas rien. Il y a donc aujourd’hui, à Genève et dans le monde, environ 2 000 descendants de la Mère Royaume. Il y eut notamment, le célèbre peintre sur émail genevois, Jean Petitot (1607-1691) qui après s’être formé chez son oncle l’orfèvre Pierre Royaume, se rendit à Paris et à la cour d’Angleterre. Egalement, une Claparède mariée avec un Ricolfi Doria, famille maternelle de l’actuel héritier de Savoie. Qui aurait pu imaginer en 1602, un tel mariage ? Aujourd’hui quelques noms illustres de bonnes familles genevoises portent les gènes de cette femme courageuse qui mourut sans bruit, quelques années après la nuit de l’Escalade !

Illustration ©Marion Jiranek

Hélène Vibourel